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DISCOURS

où eſt le Palais du Roi, bâti par les Portugais. Plus loin, toujours dans le Sud, le long de la riviere de Cochin eſt le Bazar des Juifs Blancs, ſuivi de celui des Noirs, puis quelques Palmars (Vergers de Cocotiers, Palmiers &c.) & le Bazar Maure accompagné d’une Moſquée. À une demie lieue de Matencheri eſt Palorte, Paroiſſe Catholique ; & à deux lieues Eſt, Trepontaré, grande Pagode où le Roi de Cochin va quelqueſois faire ſes dévotions.

La Ville de Cochin s’étendoit autrefois juſqu’à Matencheri. On voit encore au paſſage qui porte ce nom une partie des fondements de l’ancienne Doüane. Les Hollandois en ont reſſerré l’enceinte pour la garder plus facilement. La face de l’Eſt eſt la plus longue ; à celle du Nord eſt une jettée de pierre qui va juſqu’à la petite porte. À côté de cette porte eſt un Corps-de-Garde ſuivi de Magaſins. Au-delà paroît une avancée de cinquante toiſes, au bout de laquelle la riviere communique avec les foſſés qui entourrent la Ville. Cette riviere près de la petite porte, peut recevoir des Manſchouës chargées[1].

  1. Voici (à-peu-près) l’état de Cochin & la poſition de cet Établiſſement à l’égard des Puiſſances voiſines. Le premier du Comptoir a le titre de Commandeur & eſt à la tête du Conſeil, qui eſt compoſé de huit perſonnes, le Cheſ compris ; ſçavoir, le ſur-Marchand ou ſecond, le Commandant des troupes, le Fiſcal qui fait auſſi l’office de Notaire, le Garde-Magaſin, le Teneur de Livres & le Caiſſier, tous trois Sous-Marchands, & le Sécrétaire : deux Meſtices, le Topaye & le Douannier ont auſſi le titre de Conſeiller. En général il y a auſſi beaucoup de ſang mêlé parmi les Employés ; & preſque toutes leurs femmes, du Commandeur au dernier Aſſiſtant, ſont Noires ou Meſtices.

    Les troupes de ce Comptoir ſont un mélange de Nations, dans lequel les Allemands ont la préférence, enſuite les Hollandois, puis les François. Les Capitaines ont par mois cinquante roupies d’appointemens, les Lieutenans à proportion, les Enſeignes vingt-deux, les Soldats neuf florins payés en fanons, à vingt pour une roupie ; ce qui fait environ deux cens douze fanons : mais par une œconomie inhumaine, ils ne reçoivent que cent dix fanons, parce qu’on leur retient l’habit, les ſouliers & ce qu’ils ont reçu d’engagement en Europe. Lorſqu’un Soldat a fait ſon tems, il peut ſe rengager à des conditions plus avantageuſes, & ſa paye avec le tems paſſera quelquefois celle du Caporal. Le Commandant des troupes, retire des droits de la Ladrerie, de la Maiſon des Orphelins & des Soldats qui veulent être exempts de ſervice ; ce qui joint à ſes appointemens, lui fait un revenu aſſez conſidérable. Les autres Officiers ſont à peine à l’aiſe. Pour les Soldats, après avoir été mal nourris en route, ceux qui ſe trouvent à Cochin ſans métier, ſont dans la miſere. J’en ai vu monter la garde en veſte & ſans ſouliers. Ils ſont encore ſujets à la ladrerie, maladie cauſée par la mauvaiſe nourriture, le poiſſon ſalé, & ſurtout