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DISCOURS

cueil qu’il me fit fut des plus polis. Les Zopis de Brandevin, la Bierre, les pipes de Tabac & le vin ſe ſuccéderent tour à tour & firent le fonds de la converſation. Il fallut reſter à dîner ; j’attirai l’attention de Meſdames les Hollandoiſes, moitié blanches, moitié noires, qui étoient à

    Ce Prince devoit une partie de ſes ſuccès à un François nommé de Lanoye, qui avoit établi quelque diſcipline parmi ſes troupes. Ce François, bien intentionné pour ſa nation, profita de La faveur du Travancour pour nous faire offrir un Établiſſement à Coleche, lieu important pour les toiles que l’on y fabrique, & par la proximité d’Anjingue & de Ceylan. Ce projet préſentoit une utilité plus réelle que des conquêtes au Nord de Mahé dans les terres.

    Tant que le Travancour avoit eu beſoin de M. Lanoye, il l’avoir ménagé, lui avoit donné des biens conſidérables : il avoit même favoriſé ſes paſſions. Le fait mérite d’être rapporté, M. Lanoye s’étant pris d’une belle paſſion pour la fille du Topaye d’Anjingue, la demanda à ſon pere en mariage. Elle lui fut refuſée. Celui ci s’adreſſe au Travancour, lui expoſe la ſituation, l’excès de ſon amour, & lui fait ſentir le mépris que les Anglois font d’un homme qu’il honore de ſa confiance. Ce Prince offenſé dans ſon Général, envoye un Exprès au Commandant d’Anjingue, & menace de le ſuivre de près avec une armée formidable, ſi l’on tarde plus long tems de ſatisfaire ſon favori. Les Anglois ne jugerent pas à propos de ſoutenir un ſiége comme celui de Troye : la fille du Topaye fut envoyée à M. de Lanoye qui l’épouſa.

    À meſure que le Travancour a vu croître ſa puiſſance, ſes égards pour M. de Lanoye ont diminué. En 1757 il ne le conſultoit plus. Confiné dans ſes terres avec des biens ſuffiſans, mais ſans conſidération, ce François chargé de diſcipliner quelques blancs à moitié nuds, auroit bien voulu quitter un Pays, qui vraiſemblablement, s’il vit encore, ſera pour lui un exil éternel, parce que le Prince dont il connoit les ſorces & le génie, a intérêt à ne pas l’en laiſſer ſortir.

    Il eſt viſible qu’un homme du caractere du Roi de Travancour devoit intriguer les Hollandois. D’un autre côté, ils n’avoient aucun ſecours à attendre du Roi de Cochin, quoiqu’il pût mettre ſept à huit mille hommes ſur pied : ce Prince qu’ils tenoient comme en tutelle, auroit été le premier à s’élever contre eux, ſi ces ſorces le lui euſſent permis. La Compagnie, il eſt vrai, lui donnoit une partie du revenu de la Doüane de Cochin, & il avoit le privilége de charger un vaiſſeau de poivre & de le vendre aux Étrangers. Mais, connoiſſant les vraies intentions de ſes Alliés, ou plutôt de ſes maîtres (La Compagnie s’eſt réſervé ce commerce excluſivement), il étoit rare qu’il s’en ſervît pour lui-même.

    Quoique le Roi de Cochin n’ait qu’une ombre d’autorité, il eſt cependant réputé plus grand que les autres Rois de la Côte, parce qu’il eſt regardé comme vrai ſucceſſeur de Scharan Peroumal, du moins quant aux prérogatives ſpirituelles. Il porte le nom de Radjaw (Rajah), & a ſous lui quatorze Princes Souverains nommés Kartaws, qui ont droit de vie & de mort. Après eux ſont les Généraux d’armée nommés Morambis, qui poſſedent des terres & ſont ſupérieurs aux Karikars, Miniſtres ou Intendans. Les Meynomimars, Écrivains, Secrétaires, Commis de finance & Officiers ſubalternes en tems de guerre, forment la cinquiéme grade de la Cour du Rajah ; après eux ſont les Kotonaymars, cheſs de troupe, de vingt, de trente hommes &c, & enfin les Nairs qui ſont les ſoldats.