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DISCOURS

Évangéliſtes, & recommendoient ainſi tour à tour.

Un peu avant que d’arriver à Kandanate, qui eſt dans les terres à une petite demie lieue, on paſſe un ruiſſeau ſormé par l’eau de la riviere qui vient du Nord vers la gauche : dans le tems des pluies les Manſchouës peuvent aller juſques-là. On rencontre un peu plus loin une croix, & enſuite Kandanate.

Cette Ville, après avoir été brûlée par le Travancour, commençoit à ſe rétablir. Il n’étoit reſté ſur pié que les murailles des maiſons bâties autour de l’Égliſe. Le Pays eſt assez riche, quoiqu’on y voye beaucoup de landes. Tous les habitans ſont Chrétiens, de ceux qu’on appelle de Saint Thomas, à quelques Payens près : les Évêques qu’ils ont demandés au Patriarche d’Antioche, vivent à leurs frais ; & malgré cela ils les préferent aux Prélats Catholiques qui les aident eux-mêmes de leur bourſe. Le Chorévêque George me préſenta à l’Archevêque Schoko reulla[1]. Ce Prélat me reçut avec une ſorte de

  1. Voici ce que M. le Vicaire Apoſtolique m’a rapporté au ſujet des Prélats Syriens envoyés à la Côte Malabare. Les Chrétiens Schiſmatiques de Saint-Thomas, las d’obéir à Mar Thomas, ſimple Archidiacre, demanderent aux Hollandois la permiſſion de faire venir un Évêque de Syrie. Le Conſeil de Cochin y conſentit, & donna ordre aux Vaiſſeaux Hollandois de Baſſora de prendre le premier qu’ils trouveroient. On leur préſenta un Évêque nommé Jean, qui avoit été chaſſé d’Éthiopie, & qu’un Minoriſte de ſes amis venoit de faire ſortir des priſons de Baſſora, en payant pour lui cinq cents guinées. Le Prélat arriva à Cochin en 1747, & fut recu au bruit du canon & avec des honneurs extraordinaires : les Hollandois ont toujours marqué plus d’égards pour les Hérétiques que pour les Catholiques. La paſſion que cet Évêque avoit pour le vin, le rendit bientôt mépriſable aux Chrétiens Malabares. Ils furent même obligés de retirer des mains des Juifs la Croix d’une Égliſe & un Encenſoir, qu’il leur avoit donnés en paiement d’une ſomme qu’il leur devoit. Un jour ce Prélat s’embarqua yvre dans une tonne, & ordonna aux Maquois de le conduire près de Cochin ; de-là il les envoye chercher une bouteille d’Eau-de-vie, la boit & s’endort. Les fideles qui le cherchoient par-tout, le trouverent dans cette tonne au lever du Soleil. Le Commandeur inſtruit de l’aventure, mit Monſeigneur aux arrêts à Cochin, & le renvoya en 1751 à Baſſora dans l’équipage à peu-près où il étoit en ſortant des priſons de cette Ville. Malgré ces vices groſſiers, cet Évêque n’avoit jamais voulu ſacrer Mar Thomas. Selon George Namet eulla, c’étoient les Évêques, arrivés en 1751, qui l’avoient renvoyé en Syrie.

    Mar Thomas deſirant plus que jamais de ſe faire ſacrer, promit à la Compagnie Hollandoiſe quatre mille roupies, ſi elle faiſoit venir des Évêques de Syrie : c’étoit auſſi le vœu des Fideles. L’offre de Mar Thomas fut acceptée : on fit venir à Cochin l’Archevêque Basile Schokor eulla, Grégoire Jean Évêque Mé-