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DISCOURS

ſon nom ; les Mahométans, ennemis perſonnels de ſes Diſciples, ne l’appellent que le Sage. Dans un ſiécle où la raiſon, maîtreſſe du préjugé, ſe picque de ne tenir qu’à la vérité, Zoroaſtre ſe feroit lire avec avidité, s’il paroiſſoit accompagné de cette profondeur, de cette étendue de connoiſſances que l’Hiſtoire ancienne lui attribue.

Mais je crains que les Ouvrages dont je donne la traduction ne rempliſſent pas l’idée que l’on s’eſt formée de ce Légiſlateur. Cette crainte doit-elle m’empêcher de les préſenter aux Sçavans ? Je penſe au contraire que l’on payera volontiers de quelques heures d’ennui la ſatisfaction de sçavoir à quoi s’en tenir ſur cette matiere.

Les hommes admirent de loin des choſes qu’ils regarderoient à peine, ſi elles étoient ſous leurs yeux. Souvent nous nous laiſſons aller au même enthouſiaſme, lorſque nous liſons les Relations des Voyageurs. Il faut voir les objets immédiatement, pour ſe détromper : & c’eſt un des avantages que l’on peut retirer des nouvelles découvertes. Si quelquefois elles n’offrent par elles-mêmes rien de fort intéreſſant, du moins mettent-elles en état d’apprécier des choſes qui ſouvent n’auroient pas piqué la curioſité, ſi elles euſſent été connues plus exactement.

Les voyages faits avec réflexion préſentent le même objet d’utilité. La vûe ſimple des lieux & des choſes donne des idées neuves, & rectifie celles que l’éloignement & le tems avoient pour ainſi dire conſacrées.

Mais ces entrepriſes Littéraires n’ont pas été portées auſſi loin qu’elles pouvoient l’être. L’intérieur de l’Afrique nous eſt encore inconnu, & la plus grande partie de l’Aſie offre un ſpectacle abſolument nouveau ; ſpectacle digne, par la variété des événemens, des Peuples & des Langues, d’occuper un eſprit, qui veut débrouiller, s’il eſt poſſible, les Archives du Genre-humain, & étudier la Nature encore dans ſon berceau.

C’eſt pour le contempler, ce ſpectacle, que j’ai fait le voyage des Indes Orientales. Le Lecteur auquel j’offre le fruit de mes travaux, deſire ſans doute de connoître plus en détail les vûës qui m’ont porté à les entrepren-