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AVENTURES DU GRAND SIDOINE

à réfléchir. J’aime peu à parler, encore moins à écouter, parce que, dans le second cas, il me faut penser pour comprendre, besogne inutile dans le premier. Certes, il me plairait d’approfondir toutes les connaissances humaines ; mais, vraiment, je préfère les ignorer ma vie entière, si tu ne peux me les communiquer toutes ensemble en trois mots.

— Eh ! mon mignon, que ne me confiais-tu ton horreur des détails ? Je t’aurais, dès le début et sans ouvrir la bouche, donné la pure essence des mille et une vérité de ce monde, cela dans un simple geste. N’écoute plus et regarde. Voici la suprême science.

Ce disant, Médéric grimpa sur le nez de Sidoine, ce nez qu’il avait si heureusement comparé au clocher de son village. Il s’assit à califourchon sur l’extrémité, les jambes dans l’abîme, et se renversa un peu en arrière, regardant son mignon d’une façon sournoise et railleuse. Puis il leva la main droite grande ouverte, appuya délicatement son pouce au bout de son propre nez, et, se tournant aux quatre points de l’horizon, salua la terre en agitant les doigts de l’air le plus galant qu’on puisse voir.

— Oh ! alors, dit Sidoine, les ignorants ne sont pas ceux qu’on pense. Grand merci de la vulgarisation.