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ET DU PETIT MÉDÉRIC

X

De diverses rencontres, étranges et imprévues, que firent Sidoine et Médéric


Le soir venu, Sidoine s’arrêta court. Je dis le soir, et je m’exprime mal. Les moments que nous nommons soir et matin n’existaient pas pour des gens suivant le soleil dans sa course et faisant le jour et la nuit à leur volonté. En toute vérité, nos voyageurs couraient le monde depuis environ douze heures.

— Les poings me démangent, dit Sidoine.

— Gratte-les, mon mignon, répondit Médéric. Je ne puis t’offrir d’autre soulagement. Mais, dis-moi, l’éducation n’a-t-elle pas un peu adouci ton naturel batailleur ?

— Non, frère. À vrai dire, mon métier de roi m’a dégoûté des taloches. Les hommes sont vraiment trop faciles à tuer.

— Voilà, mon mignon, de l’humanité bien entendue. Hé ! marche donc ! Tu le sais, nous cherchons le Royaume des Heureux.

— Si je le sais ! Cherchons-nous réellement le Royaume des Heureux ?

— Comment ! mais nous ne faisons autre chose. Jamais homme n’est allé aussi droit au but. Ce Royaume