Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/274

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maintenant, je m’y enfonçais, ne parvenant pas à y croire, mais trouvant une sorte de consolation à me dire qu’il m’avait menti peut-être. C’était une nouvelle ombre dans mon intelligence, un nouveau tourment ajouté à mes tourments. J’allais pouvoir devenir fou.

Pâquerette continuait en nasillant :

— Je voudrais vous former, Claude, vous communiquer mon expérience. Vous ne savez pas aimer. Il faut être bon avec les femmes, ne pas les battre, leur donner des douceurs. Surtout, pas de jalousie ; si on vous trompe, laissez-vous tromper : on vous en aimera davantage les jours suivants. Quand je songe à mes amants, je me rappelle un petit blond qui se vantait d’avoir eu pour maîtresses toutes les filles des bals publics. Voyez-vous cette étagère, le dernier souvenir qui me reste : elle me vient de lui. Un soir, il s’est approché de moi & m’a dit en riant : « Tu es la seule que je n’ai pas aimée. Veux-tu m’embras-