Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/327

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le voile s’est déchiré, je retrouve le monde tel que je l’avais laissé, large pour les jeunes courages, lumineux, plein d’applaudissements. Je vais reprendre mon labeur, me refaire des forces, lutter au nom de mes croyances, au nom de mes tendresses.

Faites-moi place à vos côtés, frères. Trempons-nous dans l’air pur, dans les champs éclatants de soleil, dans nos amours vierges. Préparons-nous à la vie en nous aimant tous trois, en courant, la main dans la main, libres sous le ciel. Attendez-moi, & faites que la Provence soit plus douce, plus encourageante pour me recevoir & me rendre mon enfance.

Hier, lorsque devant la fenêtre, en face du cadavre de Marie, je m’épurais dans la foi, j’ai vu le ciel, plein d’ombre, blanchir à l’horizon. Toute la nuit, j’avais eu devant les yeux les espaces noirs, troués par les rayons jaunes des étoiles ; j’avais sondé vainement l’infini du gouffre sombre, m’effrayant de ce calme immense, de ce