Page:Zola - Travail.djvu/386

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mais pour une œuvre si certaine, pour un bonheur si grand  !   »

Sœurette, qui s’occupait dans le petit salon voisin, était accourue  ; et, tout de suite, elle parla de faire transporter Josine ailleurs, car il n’y avait pas d’autre chambre à coucher, il semblait impossible que les couches pussent se faire là. Mais Luc se mit à la supplier.

«  Mon amie, oh  ! non, n’emmenez pas Josine. Je vais être dans un souci affreux. Et puis, elle est ici chez elle, il n’y a pas de lien qui nous unira davantage… On va s’arranger, on dressera un lit dans le salon.  »

Tombée dans un fauteuil, Josine, secouée de grandes ondes douloureuses, avait parlé, elle aussi, de s’en aller. Elle sourit divinement. Il avait raison, pouvait-elle le quitter maintenant, est-ce que le cher enfant n’allait pas achever l’union indissoluble  ? Et Sœurette elle-même comprenait, acceptait, de son air de sainte affection, lorsque le docteur Novarre entra, pour sa visite de chaque matin.

«  Alors, j’arrive bien, dit-il gaiement. Voilà que j’ai deux malades  ! Mais, si le papa ne m’inquiète plus, la maman ne m’inquiète guère. Vous allez voir ça.  »

En quelques minutes, tout fut organisé. Il y avait dans le salon un grand divan, qu’on poussa au milieu de la pièce. Un matelas fut apporté, un lit dressé. Et il n’était que temps, l’accouchement eut lieu tout de suite, avec une promptitude, un bonheur extraordinaire. Le docteur continuait à rire, plaisantant, regrettant de n’être pas resté chez lui, puisque ça marchait si bien. Luc l’ayant exigé, on avait laissé la porte grande ouverte, entre la chambre et le salon  ; et, cloué encore dans son lit, assis sur son séant, il écoutait anxieux, impatient d’entendre, de comprendre. À chaque minute il lançait des questions, il brûlait de savoir. Les moindres plaintes de la chère femme qui souffrait là, si près de lui, sans qu’il