Page:Zola - Travail.djvu/387

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pût la voir, lui retournaient le cœur. Il aurait tant désiré qu’elle répondît elle-même, un simple mot, pour le rassurer, et elle en trouvait le courage, elle jetait elle aussi des mots entrecoupés, de faibles réponses où elle s’efforçait d’être gaie, de cacher le tremblement de sa voix.

«  Mais tenez-vous donc tranquille, laissez-nous la paix  ! finit par gronder le docteur. Quand on vous dit que c’est une merveille, jamais un petit homme n’est venu si bellement  ! Car, vous savez ce sera un petit homme, pour sûr  !   »

Tout à coup, il y eut un léger cri, le cri de vie, une voix nouvelle qui montait dans la lumière. Et Luc, penché, tendu de tout son être vers l’événement qui s’accomplissait, l’entendit, en reçut au cœur la secousse heureuse.

«  Un fils, un fils  ? demanda-t-il, éperdu.

— Attendez donc  ! répondit Novarre en riant. Vous êtes bien pressé. Il faut voir.  »

Puis, presque aussitôt  :

«  Mais certainement, c’est un fils, c’est un petit homme, je l’avais bien dit  !   »

Luc, alors, déborda de joie, battit des mains comme un enfant, cria plus fort, à toute volée  :

«  Merci, merci, Josine  ! merci du beau cadeau  ! Je t’aime et je te dis merci, Josine  !   »

Elle ne put répondre tout de suite, si endolorie, si épuisée, qu’elle restait un instant sans voix. Il s’inquiétait déjà, il répéta  :

«  Je t’aime et je te dis merci, merci, Josine  !   »

Et, l’oreille tendue, tournée vers la porte de la pièce voisine, il finit par entendre une voix très légère, à peine un souffle ravi et délicieux, qui lui arrivait, en disant  :

«  Je t’aime et c’est moi qui te dis merci, merci, Luc  !   »

Quelques minutes plus tard, Sœurette apporta l’enfant