Page:Zola - Travail.djvu/482

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Et, tandis que l’évolution emportait Beauclair à son nouveau destin, que la Cité se fondait sous une force bienfaisante, sans cesse accrue, l’amour intervenait, d’un élan irrésistible, jeune, gai et victorieux, des mariages se concluaient de toutes parts, continuellement, rapprochant les classes, hâtant l’harmonie, la paix finale. Le victorieux amour renversait les obstacles, triomphait des pires résistances, et cela dans une passion heureuse de la vie, dans un éclat d’allégresse qui sonnait, au grand soleil, le bonheur d’être, d’aimer, d’enfanter toujours davantage.

Luc et Josine avaient donné l’exemple. Pendant les six ans qui venaient de s’écouler, toute une famille était poussée d’eux, trois garçons et deux filles. L’aîné, Hilaire, né avant la chute de l’Abîme avait onze ans déjà. Puis, de deux années en deux années, les autres suivaient  : Charles âgé de neuf ans, Thérèse de sept, Pauline de cinq, Jules de trois. Dans l’ancien pavillon agrandi de tout un corps de bâtiment, cette enfance s’ébattait, mettait ses rires et son espoir, grandissait pour les unions futures. Comme Luc ravi le disait à Josine souriante, leur constante tendresse était faite de cette fécondité triomphante, car elle devenait plus sienne à chaque enfant qu’elle lui donnait. L’amoureuse dont le désir l’avait autrefois jeté dans la lutte, en héros de conquête, faisait place