Page:Zola - Travail.djvu/489

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te portais à califourchon, en faisant le cheval qui se cabre  ?

— Et, petit Nanet, te souviens-tu, lorsque nous jouions à cache-cache, et que tu finissais par me trouver parmi les rosiers, si bien cachée, que c’était à en mourir de rire  ?

— Petite Nise, petite Nise, nous allons nous aimer comme nous avons joué, très fort, très fort, de toute la force de notre santé et de notre gaieté  !

— Petit Nanet, petit Nanet, nous avons tant joué, nous nous aimerons tant, que nous nous aimerons dans nos enfants encore et que nous jouerons encore avec les enfants de nos enfants  !   »

Et ils s’embrassaient, et ils riaient, jouaient, au comble de la félicité. Enthousiasmée à ce spectacle, soulevée par une houle de gaieté sonore, la foule battit des mains, cria l’amour, l’amour tout-puissant, qui fait sans cesse davantage de vie et de bonheur. L’amour fondait la Cité, l’ensemençait d’une moisson d’hommes meilleurs, pour les prochaines récoltes de justice et de paix.

Et tout de suite, les chants commencèrent, des chœurs ou les voix répondaient, où les vieillards chantaient leur repos bien gagné, les hommes l’effort vainqueur de leur travail, les femmes la douceur secourable de leur tendresse, les enfants l’allégresse confiante de leur espoir. Puis, il y eut les danses, toute une population en joie, une grande ronde finale qui mit ce petit peuple fraternel la main dans la main, qui s’allongea sans fin et qui tourna pendant des heures, au son de musiques claires, par les halles de l’usine immense. Elle s’engagea dans la halle des fours à puddler et des laminoirs passa dans la halle des fours à creusets, traversa la halle des tours revint par la halle des moulages d’acier, emplissant de la turbulence de son rythme, de la gaieté de ses refrains les hautes nefs, où ne retentissait