Page:Zola - Vérité.djvu/331

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Marc, malgré son émotion, ne put s’empêcher de sourire.

— La vérité, madame, est encore, je crois, ce qu’il y aura de plus facile et de plus honorable à dire. Votre rôle sera quand même très louable.

Elle parut se rassurer un peu.

— Vraiment, c’est votre avis… Moi, n’est-ce pas ? je ne demande pas mieux que la vérité se fasse, si nous ne devons pas en souffrir.

Complaisamment, Marc avait tiré les pièces de sa poche, afin de lui bien montrer ce qu’il emportait. Et elle disait les reconnaître parfaitement, lorsque son fils Victor rentra d’une escapade, accompagné de son ami Polydor Souquet. Les deux jeunes gens, qui se dandinaient et ricanaient, heureux de quelque frasque connue d’eux seuls, jetèrent un coup d’œil sur le modèle d’écriture. Polydor, aussitôt, témoigna la plus vive surprise.

— Tiens ! cria-t-il le papier !

Mais, comme Marc levait vivement la tête, frappé de cette exclamation, ayant la brusque conscience qu’un peu plus de vérité venait de se faire, le jeune homme voulut rattraper son commencement d’aveu, en reprenant son air hypocrite et endormi.

— Quel papier, vous le connaissez donc ?

— Moi, non… J’ai dit, comme ça, le papier, parce que c’est un papier.

Marc ne put rien en tirer davantage. Quant à Victor, il continuait de ricaner, l’air amusé de cette vieille affaire qui revenait au jour. Ah ! oui, le modèle qu’il avait apporté de l’école, autrefois, et dont cette petite bête de Sébastien avait fait une histoire. Et, comme Marc se retirait, Mme Édouard l’accompagna jusque dans la rue, pour le supplier encore de leur éviter tout ennui. Elle venait de songer au général Garous, leur cousin, qui ne serait certainement pas content. Jadis il leur avait