Page:Zola - Vérité.djvu/495

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans quelque ordure, nécessitait une absolution nouvelle. Seulement, lui, catholique loyal, avait le courage de l’aveu, la force de la pénitence, tandis que ces dignitaires du clergé, ces supérieurs des ordres religieux dont il se plaignait si amèrement, étaient des menteurs et des poltrons, tremblant devant leurs fautes, les cachant en bas hypocrites, les rejetant sur les autres, dans la terreur des conséquences et du jugement des hommes. D’abord, sous ses récriminations passionnées, il n’avait guère laissé paraître que sa colère d’être si brutalement abandonné, après avoir été un simple instrument docile, liant sa cause à celles du père Philibin et du frère Fulgence, les donnant eux et lui comme les victimes de la plus monstrueuse, de la plus inepte des ingratitudes. Mais, depuis quelque temps, des menaces sourdes, voilées, se mêlaient à ses reproches. Si lui avait toujours payé ses fautes, en bon chrétien, d’autres en étaient encore à racheter leurs crimes, par une pénitence publique. Pourquoi ne payaient-ils pas ? Ils payeraient sûrement un jour, s’ils lassaient la patience du ciel, qui saurait bien susciter le vengeur, le justicier criant ces crimes inavoués, impunis ! Et il faisait évidemment allusion au père Crabot, il voulait parler de la mystérieuse histoire dont plusieurs versions confuses avaient couru, la captation de l’immense fortune de la comtesse de Quédeville, ce domaine admirable de Valmarie, où le fameux collège de jésuites s’était fondé plus tard. On rappelait certains détails : la comtesse, une blonde longtemps célèbre par ses débordements, superbe encore à soixante ans passés, tombée dans une dévotion extrême ; le père Philibin, très jeune, entré chez elle comme précepteur de son petit-fils Gaston, un garçonnet de neuf ans à peine, le dernier des Quédeville, et dont les parents venaient de périr tragiquement dans un incendie ; puis, le père Crabot, alors en pleine exaltation de la peine d’amour qui l’avait converti, introduit au