Page:Zola - Vérité.djvu/660

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de Marc, se trouvait dirigée par leurs enfants, les garçons par Joseph, les filles par Louise. Ils n’étaient plus jeunes déjà, lui à quarante-quatre ans, elle à quarante-deux ans, et ils avaient un grand fils de vingt-deux ans, François, qui, marié à sa cousine Thérèse, de même âge, la fille de Sébastien et de Sarah, avait d’elle une fillette, Rose, un délicieux chérubin d’un an à peine. Leur volonté formelle, à eux aussi, était de ne jamais quitter Maillebois, et ils plaisantaient doucement Sébastien et Sarah des grandeurs qui les attendaient, car il était question de donner à Sébastien le poste de directeur de l’École normale, où Salvan avait si bien œuvré, où son élève aimé œuvrerait de même. François et Thérèse, également instituteur et institutrice, comme par une vocation héréditaire, étaient, depuis la rentrée d’octobre, adjoint et adjointe à l’école primaire de Dherbecourt. Et quel pullulement de bons semeurs de la vérité, lorsque, certains dimanches, toute la famille se réunissait à Jonville, autour des grands-parents, Marc et Geneviève, attendris, ravis de cette lignée poussée en pleine raison, en pleine certitude ! Et quelle belle santé rieuse amenait de Beaumont Sébastien et Sarah, de Maillebois Joseph et Louise, de Dherbecourt François et Thérèse, ayant aux bras leur petite Rose, dans ce Jonville où Clément et Charlotte les attendaient avec leur fillette aussi, Lucienne, une grande fille de sept ans bientôt ! Et quelle table il fallait dresser pour les quatre générations déjà, surtout lorsque les grands amis du voisinage, Salvan, Mignot et Mlle  Mazeline voulaient bien y prendre place, afin de boire à la défaite de l’ignorance, mère de tous les maux et de toutes les servitudes !

Les temps de libération humaine, si lents à venir, attendus avec tant de fièvre, se réalisaient maintenant, par de brusques évolutions. Un coup terrible venait d’être porté, à l’Église, la dernière Chambre avait enfin voté