Page:Zola - Vérité.djvu/679

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— Ça ne nous regardait pas, cette affaire, et j’ai eu raison de ne pas en vouloir chez moi, puisqu’elle a fait tant de mal à tout le monde.

Mais Charles avait appelé son frère Auguste, en l’apercevant dans la cour, avec Marcel, déjà au rendez-vous.

— Arrive donc, je t’amène quelqu’un, sans compter que ton fils Adrien veut nous donner une commande.

Auguste, grand et fort comme son père, serra vigoureusement la main de Marc.

— Ah ! monsieur Froment… Charles et moi, nous parlons souvent de vous, lorsque nous nous rappelons notre temps d’école. J’étais un bien mauvais élève, et je l’ai parfois regretté plus tard. Pourtant, je ne vous fais pas trop honte, n’est-ce pas ? Puis, voilà mon fils Adrien qui doit commencer à être selon votre cœur.

Et il ajouta, en riant :

— La commande d’Adrien, je la connais, oui ! la maison qu’il a l’idée de faire bâtir pour votre Simon… C’est un peu beaucoup tout de même, cette maison, pour un ancien forçat.

Malgré la bonhomie moqueuse du ton, Marc fut peiné de la remarque.

— Est-ce que vous en êtes encore à le croire coupable ? Un moment, vous avez été convaincu de son innocence. Puis, après le monstrueux arrêt de Rozan, vous vous êtes remis à douter de cette innocence.

— Dame ! monsieur Froment, deux jurys qui condamnent un homme, ça vous impressionne, surtout quand on a la tête à autre chose… Non, non, je ne dis plus qu’il est un coupable ; et puis, au fond, ça nous est égal qu’il le soit ou non, nous voulons même bien qu’on lui fasse un cadeau, pourvu qu’on en finisse une bonne fois et qu’on ne nous casse plus la tête, n’est-ce pas ? frère.

— C’est ça même, appuya Charles. Si nous écoutions ces grands garçons-là, nous serions les vrais, les seuls