Page:Zola - Vérité.djvu/691

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plumes. Un instant, dans les rues de Maillebois, on aperçut Victor mieux nippé, faisant la fête. On le revit, matin et soir, en compagnie de son ancien camarade d’escapade, Polydor Souquet, tombé à la boue ; et Marc, une nuit, les rencontra tous les deux, au fond d’un quartier mal famé, accompagnés d’une ombre noire, en laquelle il crut bien reconnaître le frère Gorgias. Puis il y avait huit jours à peine, la police avait ramassé, devant une maison louche, le corps d’un homme, le crâne ouvert. C’était Victor, tout un drame ignoble et obscur, dont on étouffait le scandale.

— Oui, oui, dit Sébastien, lentement, je les revois tous les camarades d’autrefois ; et, à part quelques malheureux, ils n’ont pas mal tourné en somme… Mais il y a, dans la vie, des poisons impitoyables.

On n’insista pas, on lui demanda des nouvelles de sa mère, qu’il avait prise avec lui, à l’École normale de Beaumont, et qui se portait fort bien, malgré son grand âge. Sa situation nouvelle de directeur l’occupait beaucoup, dans son désir de continuer l’œuvre de son maître vénéré Salvan, en préparant pour l’enseignement primaire, élargi toujours, des instituteurs capables de leur grande tâche.

— Ah ! dit-il encore, ce sera une grande joie pour nous tous, cette réparation publique à Simon, cette glorification d’un simple instituteur. Je veux que mes élèves la fêtent, je leur obtiendrai bien un jour de congé.

Marc, qui s’était réjoui de sa nomination de directeur comme d’un triomphe personnel, approuva beaucoup son idée.

— C’est cela, nous amènerons les anciens et Salvan, et Mlle  Mazeline, et Mignot. Nous évoquerons même le pauvre Férou, pour que sa mémoire soit présente… À ne compter que nous, qui sommes ici, nous faisons déjà un beau bataillon.