Page:Zola - Vérité.djvu/711

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il y avait un mortel péril à le faire, et qui, depuis, s’était montré un puissant ouvrier de la juste société de demain. Cependant, Marc ayant marché à la rencontre de Simon et de David, que Delbos avait rejoints, les quatre hommes se trouvèrent un instant ensemble, au seuil même de la maison. Et ce fut alors un redoublement de passion heureuse, un véritable délire de cris et de gestes, à les voir tous les quatre ainsi côte à côte, aux bras les uns des autres, les trois défenseurs héroïques et l’innocent qu’ils avaient sauvé des pires tortures.

D’un grand élan, Simon se jeta au cou de Marc, qui lui rendit son étreinte. Tous les deux sanglotaient. Ils ne trouvèrent que quelques mots balbutiés, presque les mêmes que ceux bégayés autrefois, au moment de l’abominable séparation.

— Merci, merci, mon camarade. Avec David, tu as été mon autre frère, tu as sauvé mon honneur et celui de mes enfants !

— Oui, mon camarade, j’ai simplement aidé David, et c’est la seule qui a vaincu… Tiens ! les voici, tes enfants, ils ont poussé d’eux-mêmes en force et en raison.

En effet, toute la famille était là, dans la verdure du jardin, les quatre générations attendant l’aïeul triomphant et vénérable, après tant d’années de souffrance. Rachel l’épouse, et Geneviève, la femme du grand ami, se tenaient côté à côté. Puis c’étaient les deux sangs mêlés, Joseph et Louise, Sarah et Sébastien, accompagnés de leur François et de leur Thérèse, suivis eux-mêmes de la dernière-née, la petite Rose. Clément et Charlotte aussi étaient là, avec Lucienne. Et des larmes coulaient de tous les yeux, des baisers sans fin furent échangés.

Pourtant, un chant très doux, très frais, s’éleva. C’étaient les enfants des deux écoles, les garçons et les filles,