Page:Zola - Vérité.djvu/713

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faire pousser de nous tous tant d’êtres forts et charmants ! Et quel élargissement à chaque génération nouvelle, que de vérité, que de justice et que de paix, la vie apporte dans son éternelle besogne !

Maintenant, tous se pressaient autour de lui, tous se présentaient eux-mêmes, lui serraient les mains, l’embrassaient : C’étaient les Savin, Léon et son fils Robert, le maire qui avait travaillé si vivement à la réparation, qui venait de le saluer à la gare au nom de Maillebois entier. C’étaient les Doloir, Auguste qui avait bâti la maison, Adrien qui en avait fait le plan, Charles qui s’était chargé de la serrurerie, et Marcel de la charpente. C’étaient les Bongard, Fernand et sa femme Lucile, Claire leur fille, tous aujourd’hui mêlés, confondus par les alliances, ne faisant plus qu’une famille, parmi laquelle Simon avait grand-peine à se reconnaître. Mais ses anciens élèves se nommaient, il retrouvait sur leurs faces vieillies les traits purs des enfants d’autrefois, et les embrassades continuaient, n’en finissaient point, au milieu de l’émotion croissante. Tout d’un coup il se trouva en présence du bon Salvan, si vieux, souriant toujours. Il se jeta dans ses bras.

— Ô mon maître, je vous dois tout, et c’est votre œuvre qui triomphe, grâce aux vaillants ouvriers de que vous avez faits et envoyés par le monde.

Ensuite, ce fut Mlle  Mazeline, dont il baisa gaiement les deux joues, et ce fut Mignot, qui se mit à pleurer, lorsqu’il l’eut embrassé aussi.

— Est-ce que vous m’avez pardonné, monsieur Simon ?

— Vous pardonner, mon vieux Mignot ! Vous avez été le plus vaillant et le plus noble des cœurs. Et quelle joie de se retrouver ainsi !

Mais la cérémonie, si simple et si grande, allait finir. La maison votive, cette maison claire qui s’élevait sur l’emplacement