Page:Zola - Vérité.djvu/729

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et ses yeux hagards se remirent à fouiller les coins d’ombre de la chambre.

— J’ai peur, j’ai peur, grand-père !

Doucement, il commença l’interrogatoire, après l’avoir rassurée.

— Personne ne t’a donc accompagnée, pour revenir de chez ton amie ?

— C’est moi qui n’ai pas voulu. La maison était si près, je n’avais qu’un saut à faire, et nous avions trop joué, je craignais qu’on ne me retardât encore.

— Alors, ma chérie, tu revenais en courant, lorsque quelqu’un s’est jeté sur toi. C’est bien ça, n’est-ce pas ?

Mais l’enfant s’était remise à trembler, terrifiée, ne répondant plus. Il fallut répéter la question.

— Quelqu’un s’est jeté sur toi ?

— Oui, oui, quelqu’un, balbutia-t-elle enfin.

Un instant, Marc la laissa se calmer, caressant des doigts ses cheveux, la baisant au front.

— Tu comprends, il faut que tu nous dises… Naturellement tu as crié, et tu t’es débattue. L’homme a voulu te fermer la bouche, puis il t’a jetée par terre.

— Oh ! grand-père, ça s’est passé si vite ! Il m’avait pris les bras, il me les tordait. Sans doute il voulait m’étourdir, pour m’emporter sur son dos. J’ai eu tant de mal, que j’ai cru être morte, et je suis tombée, et je ne sais plus.

Marc éprouva un grand soulagement, convaincu que l’enfant n’avait pu être souillée, puisque Marsoullier disait être accouru aux cris. Aussi posa-t-il une dernière question.

— Et tu le reconnaîtrais, l’homme ?

Un frisson encore secoua Rose, égara ses yeux, comme si une terrible vision se dressait devant elle, au moindre souvenir. Puis, elle couvrit son visage de ses deux mains, elle retomba dans un obstiné silence. Comme son regard s’était fixé