Page:Zola - Vérité.djvu/730

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sur Marsoullier, et qu’elle n’avait pas eu un cri, Marc en tirait au moins la certitude de s’être trompé, en soupçonnant un instant celui-ci. Mais il voulut pourtant l’interroger à son tour, car s’il disait la vérité, s’il passait simplement et s’il était accouru, il pouvait ne pas dire tout ce qu’il savait.

— Vous avez vu l’homme fuir, vous. Peut-être vous serait-il possible de le reconnaître ?

— Oh ! monsieur Froment, je ne pense pas. Il a passé devant moi, mais il faisait déjà noir. Et puis, j’étais si troublé !

Cependant le bedeau, mal remis, s’abandonna un peu.

— Je crois bien qu’en passant il a dit quelque chose… « Imbécile ! »

— Comment ? « Imbécile ! » demanda Marc, très surpris. Pourquoi vous aurait-il dit cela ?

Mais, désespéré d’avoir donné ce détail, comprenant la gravité possible du plus léger aveu, Marsoullier se hâtait de rattraper le mot.

— Je ne suis sûr de rien, il n’a eu qu’un grognement… Non, non ! je ne le reconnaîtrais sûrement pas.

Ensuite, comme Marc lui réclamait le mouchoir, il le tira de sa poche avec quelque ennui, il le posa sur une table. C’était un mouchoir fort ordinaire, un de ces mouchoirs brodés mécaniquement à la grosse de grandes initiales en fil rouge. Celui-ci avait pour initiale un F majuscule, et le renseignement était mince, si l’on instruisait l’affaire sur cette pièce unique, car les pareilles circulaient par douzaines, vendues dans tous les magasins.

Thérèse avait repris Rose d’une étreinte légère, où elle mettait toute la caresse de son cœur.

— Le médecin va venir, mon trésor, je ne veux pas te toucher tant qu’il ne sera pas là… Ce ne sera rien. Tu ne souffres pas trop, dis-moi ?