Page:Zola - Vérité.djvu/742

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dans un quartier perdu, une chambre dont ils sortaient à peine. Quinze jours de vie cloîtrée, traversée de furieux orages, des caprices extravagants de cette bohémienne du cœur, des reproches, des larmes, des coups même. Puis, brusquement, sa fuite, sa disparition, après une dernière scène, où elle lui avait jeté les meubles à la tête. Il y avait trois semaines de cela, et il l’avait d’abord attendue, et il s’était ensuite comme enseveli dans cette chambre ignorée, pris de désespoir et de remords, ne sachant plus comment rentrer à Maillebois, près de sa femme, qu’il disait n’avoir pas cessé d’aimer, au milieu de sa folie.

Pendant qu’il parlait, Thérèse avait détourné la tête, toujours immobile ; et, quand il se tut :

— Je n’ai pas à savoir ces choses… Je comprends simplement que tu sois revenu pour répondre aux accusations qui pèsent sur toi.

— Oh ! fit remarquer Marc doucement, ces accusations n’existent plus à cette heure.

— Je suis revenu pour voir Rose, déclara François, et je répète que j’aurais été là le lendemain, si je n’avais pas tout ignoré.

— C’est bien, reprit Thérèse. Je ne t’empêche pas de voir ton enfant, elle est là, tu peux entrer.

Et alors, il se passa une scène singulière, que Marc suivit avec un intérêt passionné. Rose était assise, le bras en écharpe, dans un fauteuil, en train de lire. Au bruit de la porte elle leva la tête, et elle eut un cri frémissant où il y avait comme de la crainte et de la joie.

— Oh ! papa !

Elle s’était mise debout. Puis, brusquement, elle parut saisie d’une stupeur.

— Mais ce n’était pas toi, dis ? papa, l’autre soir.. L’homme était plus petit et avait une autre barbe.

Dans son effarement, elle continuait à dévisager son