« Misérables travaux, vagabonde pensée »
Apparence
Texte établi par Alfred Michiels, Adolphe Delahays, (p. 220-221).
LXXXV
Miserables travaux, vagabonde pensée,
Soucis continuels, espoirs faux et soudains,
Feintes affections, veritables desdains,
Memoire qu’une absence a bien tost effaçée ;
Vraye et parfaite amour d’oubly recompensée,
Avantureux desirs, mais folement hautains,
Et vous, de ma douleur messagers trop certains,
Soupirs qui donnez air à mon ame oppressée ;
Quoy ! ces vivantes morts, ces durables ennuis,
Ces jours noirs et troublez, ces languissantes nuits,
Tiendront-ils mon esprit en tristesse eternelle ?
Ne doy-je donc jamais sentir d’allegement ?
Helas ! je n’en sçay rien, je sçay tant seulement
Que j’endure ces maux pour estre trop fidelle.