« Tant d’outrageux propos, de courroux et d’orage »

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XLIII.


Tant d’outrageux propos, de courroux & d’orage
Que le Ciel rigoureux dessus moy fait pleuvoir,
Sont autant d’aiguillons qui poignent mon vouloir
Au lieu de l’arrester l’animans d’avantage.

Ma foy, comme un soleil fendant l’obscur nuage
Des broüillars amassez, monstre mieux son pouvoir :
Seulement je me plains que je n’ose plus voir
Ces deux flambeaux divins astres de mon voyage.

Du Ciel en ce seul poinct j’accuse la rigueur :
Tous les autres malheurs ne me font point de peur,
Renforçans mon ardeur plustot que de l’estaindre.

Car quand à vous servir je me suis preparé,
Je n’ay de mon amour aucun fruict esperé :
Si je n’espere rien, rien ne me fera craindre.