À Mlle ***, sur son mariage avec M ***
À Mlle***, ſur ſon mariage avec M***.
UN plaiſant[1] de nos jours, criant à la merveille,
Peut-être, aimable Iris, vous chatoüilla l’oreille,
Quand ſur un vain prodige, éclos de ſon cerveau,
Il prédit au beau ſéxe un empire nouveau.
Mainte épouſe, comptant ſur ſa grandeur prochaine,
En devint tout-à-coup plus aigre & plus hautaine ;
Et telle[2] en ſon orgueil, à ſes ſuprêmes loix
Crut ſoumettre dans peu les bergers & les Rois.
De ce Prophéte, hélas ! l’ingénieux délire
Nous traçoit de nos mœurs la plus fine ſatyre ;
Mais le jour annoncé pour ce fameux revers
N’a point troublé chez nous l’ordre de l’univers.
Conſolez-vous, Iris, Dieu, pour vous favorable,
Voulant vous aſſûrer un regne plus durable,
Sur vous de ſa puiſſance étala les effets,
Sur vous à pleines mains répandit ſes bienfaits.
Oui, vous tenez de lui cette rare ſageſſe,
Qui ſeule eût d’un amant mérité la tendreſſe ;
Cette noble candeur, cet air de dignité,
Qu’accompagne toujours une douce gayeté ;
Ces attraits enchanteurs, ces talens, ce génie ;
Qui font de mille appas la touchante harmonie.
A ces dons précieux le Ciel joint un époux,
Tendre, ſage ; en un mot, Iris, digne de vous.
Il vous vit, & bientôt entraîné par vos charmes,
Il ne put s’en défendre, il vous rendit les armes ;
Recevez donc ſes vœux, & regnez ſur un cœur,
Qui, fidèle & confiant, ſe livre à ſon vainqueur.