À Narcisse Quellien

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Alphonse Lemerre, éditeur (p. 67-70).


À Narcisse Quellien






Les bardes d’Armorique étaient de bonnes gens
Et qui regardaient tout d’un œil pas trop sévère.
Ils avaient un grand cœur, ils avaient un grand verre ;
Ils buvaient sec et ferme, étant intelligents.

D’ailleurs, très attentifs à l’Angelus qui sonne,
Ils s’appuyaient au mur quand ils avaient trop bu.
Leur Pégase breton ne fut jamais fourbu ;
Nul d’entre eux n’a jamais fait de mal à personne.

Le sire Du Guesclin, bien qu’il fût des plus laids,
Était aussi des bons, si j’en crois la légende,
Et ne boudait pas plus, tant sa soif était grande,
Devant un muid de vin que devant un Anglais.


Quant aux saints de Bretagne, oh ! les saints que j’adore !
Toujours prêts à lever le coude et volontiers.
Leur humble sanctuaire est fleuri d’églantiers,
Leur cloche toujours tinte au lever de l’aurore.

Narcisse, mon ami, que le jus du raisin
Nous réjouisse. Hélas ! c’est le sang de la race.
Titubons, s’il te plaît, mais comme saint Pancrace.
Un petit plumet ? Oui, mais comme Taliésin.