À genoux/L’Âme éteinte

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Alphonse Lemerre (p. 104).

VI

L’ÂME ÉTEINTE


 
Ne parle pas ! les mots que tu me dis souvent,
Incolores, ternes,
Semblent sur mon chemin de mauvaises lanternes
Qu’éteint un grand vent.

Je veux seulement boire en toi le poison lent
Des songes modernes,
Comme aux beaux jours d’orgie on boit dans les tavernes
L’excellent vin blanc.

Mais ne me parle pas, jamais ! ton âme nulle
Où plus rien ne brûle
M’écarterait encor du but que je poursuis.

Quand donc cesseras-tu de me montrer, ô femme,
En mes tristes nuits,
Cette espèce de globe éteint qui te sert d’âme ?