À genoux/La Vie à deux

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Alphonse Lemerre (p. 224).
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VII

LA VIE À DEUX


 
Vois-tu, nous serions bien heureux, si tu voulais,
Soit que nous écoutions les chants purs et suaves
Des oiseaux, ou les voix éternellement graves
Des flots de mer, assis tous deux sur les galets !

Nous n’aurions pas besoin de trésors, de palais,
De fleurs rares, de vins précieux, ni d’esclaves :
Les bonheurs d’ici-bas ne sont que des entraves,
Et rien ne me plaît plus depuis que tu me plais.

Mais nous nous parlerions des choses envolées,
Des morts, et par-dessus les voûtes étoilées,
Des anges bleus dansant sur les tapis du ciel ;

Et nous écouterions leurs voix enchanteresses ;
Tandis que notre amour chaste, immatériel,
Mêlerait ses accents tristes à leurs ivresses !