À genoux/Les Colombes

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Alphonse Lemerre (p. 115-116).
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XII

LES COLOMBES


 
Lorsque je serai mort enfin,
Lorsqu’après vingt ans de torture
J’aurai bien assouvi la faim
De l’insatiable nature,

Dans la tombe où je dormirai
Cloué comme sur une claie ;
Peut-être que je sentirai
Se rouvrir encore ma plaie.

 
Mais je n’aurai plus de sanglots ;
Et les lamentables Colombes
Qui viennent, quand le jour est clos,
Dormir sur la pierre des tombes,

Voyant que le sang de mon cœur
Coulera, pleines d’épouvante,
Se mettront à gémir en chœur
Sur mon amour encor vivante.