À genoux/Les Fleurs

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Alphonse Lemerre (p. 54).
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XXIII

LES FLEURS


Quand elle pleure, ou bien même quand elle rit,
Quand un baiser confond nos âmes fraternelles,
Ou même simplement quand je vois ses prunelles,
Même quand elle est loin et quand elle m’écrit,

Que je sois jusqu’au cœur mangé par le prurit
De la terre ou comblé d’extases éternelles,
À toute heure je sens, sauvages ou charnelles,
Fleurir dans mon cerveau les fleurs de son esprit,

Et lorsque je suis las de la lutte insensée
Que je livre au milieu de l’ombre à ma pensée,
Lorsque je n’en puis plus sous les coups du destin,

Dans l’épuisement triste et dans le mal infâme,
Pour me rendre le cœur d’aller jusqu’au matin,
Je respire ces fleurs sanglantes de son âme.