À genoux/Sonnet panthéiste

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Alphonse Lemerre (p. 238).

XV

SONNET PANTHÉISTE


Voici déjà longtemps que les rayons solaires
Se sont fondus dans l’âme obscure de la nuit.
Voici déjà longtemps qu’on n’entend plus de bruit.
Les astres sont venus dormir sur les eaux claires.

La lune, enveloppant de ses feux tutélaires
Les fleuves et les monts glacés qu’elle éblouit,
Les berce dans ses bras bleus et les réjouit,
Et la forêt divine apaise ses colères.

Moi seul et mon amour vivons dans la forêt.
Oh ! comme à ces instants l’âme vous apparaît
Dans toute sa grandeur et dans toute sa force !

Comme on est près du ciel ! comme tout vous est cher !
Comme on sent palpiter la sève dans l’écorce !
Comme on sent refluer l’âme au fond de la chair !