Pensées d’août/À mon cher Marmier. Imité du minnesinger Hadloub

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À MON CHER MARMIER


(imité du minnesinger Hadloub, en style légèrement rajeuni du seizième siècle).


Vite me quittant pour Elle,
Le jeune enfant qu’elle appelle
Proche son sein se plaça.
Elle prit sa tête blonde,
Serra sa bouchette ronde,
Ô malheur ! et l’embrassa.

Et lui, comme un ami tendre,
L’enlaçait, d’un air d’entendre
Ce bonheur qu’on me défend.
J’admirais avec envie,
Et j’aurais donné ma vie
Pour être l’heureux enfant.

Puis, elle aussitôt sortie,
Je pris l’enfant à partie,
Et me mis à lui poser,
Aux traces qu’elle avait faites,
Mes humbles lèvres sujettes :
Même lieu, même baiser.

Mais, quand j’y cherchais le bâme[1]
Et le nectar de son âme,
Une larme j’y trouvai.

Voilà donc ce que m’envoie,
Ce que nous promet de joie
Le meilleur jour achevé !


  1. Basme, baume.