À tire-d’aile (Jacques Normand)/23
Calmann Lévy, éditeur, 1878 (2e éd.) (p. 106-107).
III
UN GRAIN.
Il pleut, et sur la plage vide
Chacun a fui : seule avec moi
Elle reste et veut, l’intrépide,
Braver l’ouragan sans effroi.
Elle se tient sur la jetée ;
Le vent est très-fort, et souvent
Fait gonfler sa robe écourtée :
Que je voudrais être le vent !
Elle se penche… Furieuse,
La vague de son flot amer
Vient baiser sa bouche rieuse :
Que je voudrais être la mer !
Et cependant par gouttelettes,
Doucement, en petit ruisseau,
L’eau glisse sous sa collerette :
Ah ! que ne suis-je goutte d’eau !