Échos et reflets/L’Oranger

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Échos et refletsAlphonse Lemerre (p. 47-48).

L’Oranger


L’air méridional a des langueurs d’amante ;
Le soleil, qui s’éteint parmi les orangers,
Attriste obliquement leurs feuillages légers ;
La vigne a recueilli des rires de Bacchante.

La mer vient exhaler sous le myrte et l’acanthe
Ses longs gémissements et ses chants passagers.
L’or vert du crépuscule estompe les vergers
Et le soir a versé sa torpeur enivrante.


L’âme grave en qui sourd le sanglot du désir
Et qui sait l’anxiété lourde de choisir,
Recèle le poison des coupes de Locuste.

Le fondu vespéral apaise les couleurs
Et s’attarde, pareil aux regrets, sur l’arbuste
Qui porte altièrement les fruits blonds et les fleurs.