École des arts et métiers mise à la portée de la jeunesse/Lampe mécanique

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Anonyme
Traduction par T. P. Bertin.
L. Duprat-Duverger, libraire (2p. 145-151).


LAMPE MÉCANIQUE.





Les lampes à courant d’air, dont l’invention appartient à M. Argant, ayant produit dans l’art de s’éclairer une révolution que le temps ne peut qu’affermir, surtout depuis la découverte de la cheminée de verre par M. Lange, nous allons parler de la lampe mécanique de feu M. Carcel, qui nous paraît y avoir ajouté un grand degré de perfection.

Le mérite de cette lampe consiste dans le moyen que feu M. Carcel a imaginé de faire monter l’huile au moyen d’une pompe mise en mouvement par un ressort. Cette invention présente des avantages très-réels en ce que la mèche, continuellement abreuvée, n’est jamais dans le cas de se charbonner faute de cet aliment, et que la flamme, toujours éloignée des bords du cylindre qui renferme la mèche, ne peut ni le calciner ni y déposer cette croûte d’huile durcie qui altère si souvent l’effet des lampes ordinaires.

Cette lampe peut facilement servir de réchaud économique pour les usages domestiques et pour la plupart des opérations de chimie, même par la voie sèche.

L’exécution du procédé employé par feu M. Carcel n’était pas sans difficulté ; la plus grande était sans doute de communiquer le mouvement des rouages dans le réservoir de l’huile où devaient jouer les pistons, sans qu’il pût donner lieu à la moindre filtration de ce fluide si pénétrant, qui n’aurait pas tardé à se répandre dans la cage des rouages, et de là sur tout ce qui se serait trouvé à portée d’être souillé par cet écoulement.

La classe des Sciences physiques et mathématiques de l’Institut, dont le rapport nous fournit une grande partie de cette description, a examiné avec soin tout le mécanisme de la lampe de feu M. Carcel, et il lui a paru que, soit par le choix des matières, soit par la disposition des pièces et la combinaison des forces et des résistances, l’inventeur était parvenu à surmonter toutes les difficultés pour en rendre l’usage aussi sûr que l’effet en est riche en lumière.

Son éclat est tel que l’on est souvent obligé de le tempérer, surtout dans les appartemens resserrés et pour les vues délicates ; mais ce serait se plaindre du degré de perfection atteint que d’en faire un reproche à ceux qui en ont imaginé les moyens. Ici, comme dans tous les arts qui consomment pour produire, on éprouve toujours bien plus le défaut de puissance que le défaut de régulateurs pour en modérer l’action. Il est facile de se défendre de la vivacité de cet éclat en entourant la lumière d’une gaze blanche, ou encore mieux d’une teinte bleuâtre qui dérobe à l’œil l’aspect de la flamme, ou enfin en masquant sa flamme par un verre dépoli.

La lampe de feu M. Carcel ayant, comme on le voit dans la vignette, la forme d’une colonne à base équilatérale, il est aisé de voir qu’elle est susceptible de beaucoup d’ornemens tant au pied qu’au fût, et que par conséquent elle joint l’agrément à l’utilité.



FIN.