Édit du Roi portant suppression des charges de capitaines des levrettes de la chambre du roi

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Edit du Roi portant suppression des charges de capitaines des levrettes de la chambre du roy et des levriers de Champagne.

1786



Edit du Roi portant suppression des charges de capitaines des levrettes de la chambre du roy et des levriers de Champagne ; donné à Versailles au mois de mai 1786 ; registré en la chambre des Comptes le 15 septembre 1786 ; registré en la cour des Aides le 20 septembre 1786.
À Paris, chez P. G. Simon et N. H. Nyon, imprimeurs du Parlement, rue Mignon.
1787.

Louis, par la grace de Dieu, roi de France et de Navarre : À tous presens et à venir, Salut. Les charges de capitaines des levrettes de notre chambre et des levriers de Champagne, dont etoit pourvu le sieur de Vassan, etant vacantes par la demission qu’il en a faite en nos mains, nous avons jugé à propos d’en ordonner la suppression1. À ces causes et autres à ce nous mouvant, de l’avis de notre conseil, et de notre certaine science, pleine puissance et autorité royale, nous avons, par notre present edit, perpetuel et irrevocable, eteint et supprimé, eteignons et supprimons, à compter du premier de ce mois, les charges de capitaines des levrettes de notre chambre et des levriers de Champagne, vacantes comme dit est. Voulons en consequence que les gages et autres attributions desdites charges, pour lesquelles ledit sieur de Vassan, dernier pourvu d’icelles, etoit employé, tant sur l’etat de notre venerie, sous le titre de capitaine des levriers de Champagne2, que sur celui de notre argenterie, menus-plaisirs et affaires de notre chambre, sous le titre de capitaine des levrettes de notre chambre, en soient rayés et ôtés à compter dudit jour premier du present mois. Si donnons en mandement à nos amés et feaux conseillers les gens tenant notre chambre des comptes et cour des aides à Paris que notre present edit ils aient à faire registrer, et le contenu en icelui garder, observer et executer pleinement, paisiblement et perpetuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements, et nonobstant toutes choses à ce contraires : car tel est notre plaisir. Et, afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous y avons fait mettre notre scel.

Donné à Versailles au mois de mai, l’an de grace mil sept cent quatre-vingt-six, et de notre regne le treizième. — Signé Louis. — Et plus bas : Par le roi, signé le baron de Breteuil. — Visa Hue de Miromenil.

Registré en la chambre des comptes, ouï et ce requerant le procureur general du roi, pour être executé selon sa forme et teneur, le quinze septembre mil sept cent quatre-vingt-six. — Signé Marsolan.

Registré, ouï et ce requerant le procureur general du roi, pour être executé selon sa forme et teneur. Fait à Paris, en la première chambre de la cour des aides, le vingt decembre mil sept cent quatre-vingt-six. Collationné. — Signé Baron des Bordes.




1. On avoit douté de l’existence de cette charge au moins singulière. L’édit qui la supprime convaincra les plus sceptiques. Il en étoit d’ailleurs parlé déjà dans le Traité des droits (t. 1, p. 530), où nous trouvons mentionnés auprès de deux porte-chaises d’affaires — le nom de cet emploi en dit assez — un capitaine des levrettes de la chambre, ayant 2,466 livres de gage. Chaque porte-chaise n’en avoit que 800. La charge supprimée ici devoit dater de Louis XIII, qui avoit mis à la mode les petits levriers d’Angleterre pour la chasse du lapin. Sélincourt, dans son Parfait chasseur (1683), parle de ceux que ce prince avoit fait dresser et qu’il lançoit dans la petite garenne placée au bout du jardin des Tuileries. Je ne sais qui fut alors capitaine des levrettes, mais, comme on le voit, sa charge lui survécut ; elle se multiplia même : car, lorsqu’on créa les maisons du comte de Provence et du comte d’Artois, par édits des mois d’avril 1771 et octobre 1773, on les pourvut l’un et l’autre d’un capitaine des levrettes, aux gages de 1,000 livres, tandis que le maître de mathématiques n’en avoit que 200, et le premier peintre 600 !

2. Les levriers de Champagne passoient pour être les plus vigoureux et les plus vites du monde, comme dit Sélincourt. On les employoit pour la grande chasse, comme les levriers d’Angleterre pour la petite.