Émile Zola : l’homme & l’œuvre/Ses échecs universitaires

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Ses échecs universitaires

Émile Zola, admis au concours écrit, heureux à l’examen oral scientifique, succomba à l’oral littéraire et fut refusé comme nul, dans cette partie du programme qu’il devait plus tard exploiter avec le plus grand succès sous l’étiquette de naturalisme. Non découragé par ce premier échec, il se représenta à la session de novembre, à Marseille, comptant bien que la cité phocéenne lui accorderait le bout de parchemin que lui avait refusé Paris ; mais cette fois, il n’alla que jusqu’à l’écrit et fut encore refusé. L’Université se montrait déjà aussi cruelle pour lui que devait l’être plus tard, quand il se croirait un maître, l’Académie inflexible. Décidément, le sort on était jeté, il serait romancier, peut-être académicien, mais jamais bachelier. « Il n’a pu être, comme il le dit avec une amère ironie, dans la Vie littéraire, 15 novembre 1877, timbré, scellé, apostillé. On porte sur chaque membre le visa de l’administration, déclarant en bonne forme que vous avez du génie. On devient un colis dûment enregistré pour la gloire. Quel enfantillage, et comme il est plus sain d’être seul et libre, avec sa poitrine nue au grand soleil ! » Et les reflets chatoyants de la croix d’honneur, et l’épée académique, qu’en dites-vous ? Je lui souhaite le quarante-unième fauteuil ; il est plus honorable, sinon plus envié que les quarante autres. Ils s’y mettent, à trente-huit ou trente-neuf invalides, pour vous asseoir sur un quarantième indispensable, mais le public seul, le grand public lettré, peut vous offrir ce quarante-unième piédestal, illustré par le génie et le talent de Molière, de Balzac, de Th. Gautier. On peut être l’élu de l’Académie, c’est affaire de fortune, de religion, de politique, de coteries de salons, de convenances mondaines, de tout enfin, même d’un bas-bleu, violet ou noir ; mais n’est pas qui veut l’élu du public, c’est affaire de génie, ce noble proscrit de l’Institut.