Émile Zola : l’homme & l’œuvre/Ses études

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Ses études

Élève peu exact, il poussa néanmoins ses classes, dans une moyenne modeste, jusqu’en seconde ; il les coupait souvent de courses pittoresques avec quelques amis et les marquait de quelques essais poétiques, le pis de ses œuvres, mais le meilleur de ses études.


Autour d’Aix, la romaine, il n’est pas de ravines,
Pas de rochers perdus, au penchant des collines,
Dans la vallée en fleurs, pas de lointains sentiers
Où l’on ne puisse voir l’empreinte de mes pieds…

Jusqu’aux derniers taillis, j’ai couru tes forêts,
Ô Provence, et foulé tes lieux les plus secrets.
Mes lèvres nommeraient chacune de tes pierres,
Chacun de tes buissons perdus dans les clairières.
J’ai joué si longtemps sur tes coteaux fleuris,
Que brins d’herbe et graviers me sont de vieux amis…

Musicien à ses heures, il creva plus d’une peau d’âne et finit par se fixer et s’en tenir aux couacs honteux d’une clarinette tapageuse. En résumé, il a autant et même plus fréquenté, aspirant poète, les buissons des environs d’Aix que le collège et a plus utilement taquiné la muse que le latin et que le grec.

La grand’mère, ce bon gros terre-neuve, la superbe dévouée, mourut ; ce fut une misère de plus, ou plutôt toute la misère, dans cette maison, déjà si pauvre ; une dernière joie partait avec un dernier courage. La vieille était la force, dans le ménage de deux femmes et de deux enfants : le petit-fils et le grand-père ; elle était plus qu’une femme, elle était l’homme de cet intérieur besogneux, par le travail, la gaîté, le dévouement et l’affection. Madame Zola, écrasée sous toutes les charges du malheur, partit pour Paris et appela aussitôt près d’elle son père, mort en 1862, et son fils Émile. On laissait derrière soi à Aix, deux tombes aimées et on allait ensevelir, dans ce Paris qui dévore tout, joies et douleurs, richesse et pauvreté, ses dernières espérances et ses continuelles privations. Après bien des démarches inutiles et des déceptions sans cesse renaissantes, M. Labot, avocat au Conseil d’État, ami du père, fit admettre, par l’intermédiaire de Désiré Nisard, directeur de l’École normale, l’élève de seconde d’Aix, au lycée Saint-Louis. Il y entra, en 1858, en rhétorique, à la section des sciences ; il brûla sa philosophie et se présenta, en 1859, au baccalauréat ès sciences. En cette année, la Provence, à Aix, petit journal littéraire, publia de lui la Fée amoureuse, conte reproduit dans les Contes à Ninon.