Épigrammes (Martial)/1841/Préface 1

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Traduction par Constant Dubos.
Chapelle (p. 1-2).

ÉPIGRAMMES
DE MARTIAL.
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PRÉFACE

Je me flatte d’avoir gardé dans mes légères productions assez de mesure pour ne point donner le droit de s’en plaindre à quiconque n’aura rien à se reprocher ; j’ai plaisanté, mais sans manquer d’égards pour les particuliers même les plus obscurs, discrétion dont n’ont pas toujours usé nos anciens auteurs, qui n’ont pas craint d’articuler les véritables noms, et même de compromettre les plus illustres personnages. Je ne veux point arriver à la renommée par le scandale ; je préfère la réputation d’homme d’honneur à celle d’homme d’esprit ; mes plaisanteries sont innocentes ; loin d’elles toute maligne application. Je ne veux point qu’un autre aiguise mes épigrammes : c’est le fait d’un malhonnête homme que de mettre son esprit à la place de celui d’un auteur. J’essayerais de justifier les libertés d’expression que je me suis quelquefois permises, et qui sont, à proprement dire, la langue du genre épigrammatique, si, le premier, j’en donnais l’exemple ; mais c’est ainsi qu’ont écrit Catulle, Marsus, Pédon, Gœtulicus, tous ceux enfin qui ont obtenu des succès dans cette carrière. Si cependant quelqu’un affiche une telle austérité de mœurs qu’il ne permette aucune de ces libertés que comporte la franchise de la langue latine, qu’il se tienne ici pour averti, ou même, que sur le titre, il abandonne le livre. J’écris mes épigrammes pour ceux qui ne craignent point d’assister aux jeux floraux. Que Caton ne se présente point dans notre théâtre, ou, s’il s’y montre, qu’il y reste jusqu’à la fin. Je crois pouvoir terminer cet avertissement par l’épigramme suivante, qui ouvrira mon recueil.

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