Épodes (Horace, Leconte de Lisle)/13
Traduction Leconte de Lisle, 1873
Une horrible tempête étreint le ciel, et Jupiter
tombe en pluies et en neiges. Voici que la mer
et les forêts retentissent sous l’Aquilo de Thrace.
Amis, saisissons l’occasion dès ce jour, et, pendant que nous le pouvons, que nos genoux sont
fermes, chassons de notre front la soucieuse
vieillesse. Toi, tire le vin pressé à ma naissance
sous Torquatus consul. Ne parle plus du reste.
Un Dieu peut-être, par un retour bienveillant,
rétablira les choses. Maintenant il me plaît de
m’inonder de nard Achæménien et de guérir par
la lyre Cyllénienne les amers soucis de mon
cœur, ainsi que le noble Centaure le disait à son nourrisson héroïque : « Enfant invincible et né
mortel de la Déesse Thétis ! elle t’attend, la terre
d’Assaracus que sillonnent les froids courants du
petit Scamandrus et le tortueux Simoïs. Mais les
Parques ont coupé ton retour sur leur infaillible
trame, et ta mère cæruléenne ne te ramènera
point dans ta demeure ; mais que les maux de la
sombre tristesse soient calmés par les douces
consolations du vin et du chant. »