Ériphyle, suivi de quatre Sylves/À Maurice du Plessys

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Ériphyle, suivi de quatre SylvesBibliothèque Artistique & Littéraire (p. 35-37).

À MAURICE DU PLESSYS

Une même fureur n’agite tout poëte,
Combien qui sont faconds ont la bouche muette !
La plupart sont chétifs et rampent bassement
Aux arbrisseaux pareils ; quelques-uns seulement,
De naturel bien né, sans ruses et sans peine,
Passent incontinent cette commune voix :
Tel un chêne élevé qui par dessus le bois
Élance dans l’azur sa cime aérienne.



Ami cher, si le dieu qui confond l’ignorance,
Phébus qui m’a nourri dès la première enfance,
M’a bien prophétisé que c’est du labeur tien
Que Permesse courra sur les françaises rives,
Et si tu es toujours amoureux du lien
Que forme le laurier avec ses tresses vives,
La sainte Poésie, et de jour et de nuit,
Soit en toi comme un feu qui dans un chaume bruit.


De l’aveugle qui dit le courage homicide
De ce divin guerrier, fils de la Néréide,
Du vieillard de Téos et du thébain Pindare,
De ce magicien que Mantoue a vu naître,

De ce Toscan pensif qui au fond du Tartare
Suivit encor’ vivant la trace de son maître,
De Ronsard qui Vendôme et la France décore,
De ce Sophocle, honneur de la Ferté-Milon,
De celui, bien appris, qui dedans la Champagne
Tira Pinde, Dodone et le sacré vallon,
Et du charmant Chénier dont deux fois je m’honore :
Nouveau Mercure, ayant pour ta verge brillante
Un plectre harmonieux, assemble et guide encore
Les substances qui sont sur la Lyre volantes.