Ériphyle, suivi de quatre Sylves/Proserpine cueillant des violettes

La bibliothèque libre.
Ériphyle, suivi de quatre SylvesBibliothèque Artistique & Littéraire (p. 41-42).

PROSERPINE
CUEILLANT DES VIOLETTES

Dans ce riant vallon, cependant que tu cueilles
La douce violette aux délicates feuilles,
Ô fille de Cérès, hélas ! tu ne sais pas
Que le sombre Pluton poursuit partout tes pas.
Il ne supporte plus d’être nommé stérile,
Car Vénus l’a blessé soudain des mêmes traits
Dont elle abuse, au fond des antiques forêts,
La race des oiseaux et le beau cerf agile.

Entends les cris du dieu ! sous son bras redouté
Se cabrent les chevaux qui craignent la clarté,
Rompant sous leurs sabots le roseau qui s’incline
Aux marais paresseux que nourrit Camarine.
Dans ses grottes gémit Henna, mère des fleurs,
Et Cyane ses eaux fait croître de ses pleurs.
Parmi les pâles morts bientôt tu seras reine,
Ô fille de Cérès, et Junon souterraine.
Ainsi, toujours la vie et ses tristes travaux
Troubleront le Néant dans la paix des tombeaux,
Et désormais en vain les Ombres malheureuses
Puiseront du Léthé les ondes oublieuses.