Éros et Psyché (Giraud)/02
Scène II
(Sur la terre. Un vallon champêtre. Au fond, à l’horizon, un chemin sinueux. À droite, la maison de Psyché. À gauche, le temple de Jupiter. La foule circule et s’agite.)
Le vieillard s’est soumis à l’oracle divin !
Sa ceinture de vierge à ses hanches nouée,
En attendant le monstre auquel elle est vouée,
Psyché gît sur le roc au fond du noir ravin.
Ils sont partis ?
Elle est avec le père et les deux sœurs… Leurs yeux
Étaient rouges d’avoir pleuré sur leur misère.
Le prêtre est doux : ont-ils tenté de le fléchir ?
À quoi bon ? Il ne peut rien changer à l’oracle !
Quand les Dieux ont parlé, l’homme doit obéir.
Pourquoi devais-je voir ce lugubre spectacle ?
Psyché ! la tendre enfant que vies bras si souvent
Ont serré sur mon sein quand elle était petite !
Ils étaient trop heureux !
Moi, j’aurais…
Tourne et ne pèse pas ses mauvaises pensées !
S’ils s’étaient révoltés, les Dieux désobéis
Auraient lancé sur nous des flèches courroucées
Et des fléaux auraient ravagé le pays…
Les maîtres ont agi sagement, je le jure !
Ô vierge de quinze ans ! ô douce créature !
Oh ! quelle horrible mort et quel horrible amour
L’attendent !…
Tombe… La nuit bientôt gravira la montagne.
Nous ne reverrons plus notre chère compagne !
Je sens peser sur moi l’anxiété du soir…
Nous ne reverrons pas notre secret espoir !
Qu’êtes-vous devenue et vivez-vous encore ?
Hélas ! Psyché n’est plus !
Silence ! Les voici qui reviennent.
(On aperçoit au loin un cortège lugubre, à la tête duquel marchent les parents de Psyché.)
Ô ma fille !
Pourquoi dans la lumière où l’Olympe est caché
Préférer au nectar les pleurs des misérables ?
Ô ma fille !
Ne fondrait à l’aspect d’une telle infortune !
Ô ma fille !
(Ils entrent dans la maison.)
Devant cette douleur la vôtre est importune.
Taisez-vous ! Le silence est l’hommage pieux
Que l’homme pur doit rendre aux victimes des Dieux !