Études sur l’Italie, suite/09

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IX.


LA RÉSURRECTION,


HYMNE IMITÉ DE MANZONI.




Il est ressuscité ! le linceul et la terre
Ne couvrent plus son front ! ineffable mystère !
Du sépulcre désert le marbre est soulevé !
Il est ressuscité ! comme un guerrier fidèle
Que le bruit du clairon à son poste rappelle,
Peuples ! le Seigneur s’est levé !


Ainsi qu’un pélerin à moitié du voyage,
Sous l’abri d’un palmier couché durant l’orage,
Se lève, et, le cœur plein de ses célestes vœux,
Secoue en s’éveillant une feuille séchée
Qui, pendant son sommeil, de l’arbre détachée,
S’était mêlée à ses cheveux ;


Ainsi le mort divin, à l’aube renaissante,
A jeté loin de lui cette pierre impuissante,
Sacrilége gardien de son cadavre-roi ;
Quand son âme, du fond de la sombre vallée

Au corps qui l’attendait tout-à-coup rappelée,
A dit : Me voilà ! lève-toi !


Ô pères d’Israël ! quelle voix bienheureuse
Vous a fait agiter votre tête poudreuse ?
C’est lui, l’Emmanuel, le Christ libérateur !
Il a vaincu l’enfer frémissant sous son glaive ;
Ô vous qui l’attendiez ! oui, votre exil s’achève ;
C’est lui! c’est lui, le rédempteur!


Quel mortel avant lui, dans le séjour suprême,
Vivant aurait pu voir ce brûlant diadème
Que l’œil des chérubins n’ose jamais braver?
Patriarches, c’est lui qui, dans le noir abîme,
Des coupables humains volontaire victime,
Est descendu pour vous sauver !


Aux prophètes anciens il voulut apparaître,
Quand ces hommes disaient les jours qui doivent naître,
Comme un père à ses fils raconte le passé ;
Tel qu’un soleil brillant dans les déserts du vide,
Il se montrait d’avance à leur regard avide,
Le Christ par Dieu même annoncé!


Quand le juste Isaïe, aux ardentes paroles,
Proclamait sous les fouets, en face des idoles,
Celui qui pour le monde un jour devait venir !
Quand Daniel, confident des sombres destinées,
Roulait dans son esprit les futures années,
Se souvenant de l’avenir !


Or, c’était le matin ; Salome et Madeleine,
Tout bas s’entretenant du sujet de leur peine,

Pleuraient amèrement l’homme crucifié :
Voilà que du saint temple a chancelé le faîte ;
Les bourreaux ont pâli, croyant voir sur leur tête
Le Dieu qu’ils ont sacrifié !


Un jeune homme étranger, appuyé sur sa lance,
Au pied du monument est debout en silence ;
Ses vêtemens sont blancs, son visage est de feu ;
Celui que vous cherchez, ô femme désolée,
Dit-il avec douceur, il est en Galilée,
Allez, il n’est plus en ce lieu !


Chantons ! qu’à la douleur succède enfin la joie ;
Que l’or accoutumé, que la pourpre et la soie
Resplendissent encor sur l’autel attristé !
Que le prêtre, vêtu de la robe de neige,
À l’éclat des flambeaux, dans un pieux cortège,
Annonce le ressuscité !



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