Évangile d’une grand’mère/127

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 332-334).

CXXVII

CRUCIFIEMENT DE JÉSUS.



Les bourreaux arrachèrent à Notre-Seigneur le manteau de pourpre qui s’était collé à ses plaies ; de sorte que le sang coula de nouveau en abondance.

Ils mirent la croix par terre, y étendirent Notre-Seigneur et y clouèrent ses mains et ses pieds.

Au-dessus de sa tête couronnée d’épines, ils placèrent l’inscription de Pilate : Jésus de Nazareth, Roi des Juifs.

Ensuite ils descendirent le pied de la croix dans le roc qui avait été creusé pour la recevoir, et Jésus Notre Sauveur fut alors élevé de terre, les bras étendus comme pour sauver et bénir tous les hommes.

On crucifia les deux voleurs des deux côtés de la croix de Jésus. À sa droite, était le voleur Dismas, qui touché de la douceur, de la majesté de Jésus, se convertit quelques moments après et le reconnut pour son Dieu.

Les soldats se partagèrent les vêtements de Notre-Seigneur et des deux voleurs. Mais comme la robe de Jésus était sans couture, ils ne voulurent pas la déchirer et ils la tirèrent au sort.

Tous ces détails de la Passion avaient été prédits par les Prophètes, plusieurs siècles avant la venue du Messie dans le monde.

Le Golgotha était couvert de peuple, et les Pharisiens jouissaient de leur triomphe. « Eh bien ! criaient-ils avec ironie à Jésus crucifié, toi qui prétends détruire et rebâtir le Temple de Dieu en trois jours, descends donc maintenant de ta croix ! Voyez-le, ajoutaient-ils, il sauve les autres et il ne peut se sauver lui-même ! S’il est Roi d’Israël, qu’il descende de la croix et alors nous croirons en lui ! »

Le peuple et les soldats répétaient ces blasphèmes.

Valentine. C’est dommage que Jésus n’ait pas voulu faire ce miracle que demandaient les Pharisiens, de descendre de la croix. Ils se seraient tous convertis.

Grand’mère. Ils ne se seraient pas plus convertis que lorsqu’ils ont vu le miracle de l’aveugle-né et celui de la résurrection de Lazare. Remarque bien que les Pharisiens n’étaient pas dans l’ignorance et la bonne foi, mais dans la haine et l’orgueil ; de plus, n’oublie pas que Notre-Seigneur, en commençant sa Passion, avait abandonné à son Père tout son pouvoir divin pour ne plus en faire usage et ne conserver que les faiblesses de la nature humaine. Ce n’était plus l’heure des miracles ; c’était l’heure du sacrifice divin, qui est le plus incompréhensible et le plus adorable des miracles.