Évangile d’une grand’mère/130

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 339-340).

CXXX

JÉSUS EXPIRE SUR LA CROIX.



L’heure solennelle approchait. Les ténèbres commençaient à devenir moins épaisses, comme pour laisser apercevoir le corps livide et palpitant du Fils de Dieu suspendu à la croix. Tout son sang s’était épuisé et son regard était déjà voilé par les approches de la mort.

Pour nous faire comprendre l’excès de ses souffrances, augmentées par l’abandon où la justice Divine laissait son humanité chargée de tous les péchés des hommes, il s’écria d’une voix pleine d’angoisses :

« Mon Dieu, mon Dieu ! Pourquoi m’avez-vous délaissé ? »

Il n’osait plus appeler Dieu son Père.

« J’ai soif ! » murmura Jésus d’une voix éteinte.

Un des soldats, ému de compassion, prit une éponge, l’imbiba d’un peu de vinaigre mêlée d’eau, et à l’aide de sa lance l’approcha des lèvres desséchées du Rédempteur ; mais Jésus refusa ce soulagement, et sachant que toutes les prophéties étaient accomplies, que la rédemption du monde était achevée, il releva sa tête chargée d’épines et murmura :

« Mon Père, je remets mon esprit entre vos mains ! »

Puis, montrant une dernière fois sa Divinité, il s’écria d’une voix puissante :

« Tout est consommé ! »

Et inclinant la tête, il rendit l’esprit.

Il était trois heures ; c’était le moment où dans le Temple on offrait le sacrifice du soir, en immolant un agneau, touchant symbole de l’immolation du véritable agneau de Dieu.