Évangile d’une grand’mère/141

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 363-365).

CXLI

DERNIÈRES EXPLICATIONS.



J’ai fini, mes chers enfants, l’histoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans le monde. Quand vous serez grands, vous la lirez plus belle et plus complète dans l’Évangile.

Henriette. Grand’mère, vous n’avez pas parlé de la Sainte Vierge depuis la résurrection de Notre-Seigneur. Elle n’est pas montée au ciel avec lui ?

Grand’mère. Non, chère enfant ; la sainte Vierge a encore vécu quatorze ans après l’Ascension avec saint Jean qui ne l’a pas quittée ; la tradition dit qu’elle demeura à Jérusalem, puis à Éphèse, où elle suivit saint Jean son fils adoptif. On croit qu’elle revint à Jérusalem et qu’elle y mourut. Elle aimait ces lieux où son Divin Fils avait souffert ; elle parcourait sans cesse le chemin nommé la voie douloureuse que Notre-Seigneur avait suivi portant sa croix jusqu’au Calvaire. Elle mourut entourée de tous les Apôtres.

Camille. Ce qui m’étonne et m’attriste, c’est que l’Évangile parle à peine de la Sainte Vierge, pendant les trois années de la prédication de Notre-Seigneur qui a l’air de l’avoir oubliée et abandonnée.

Grand’mère. L’Évangile parle peu de la Sainte Vierge, il est vrai, parce que ce n’était pas nécessaire ; mais nous savons par la tradition que la Sainte Vierge n’a pas quitté Notre-Seigneur jusqu’à sa mort, qu’elle le suivait avec les saintes femmes dans ses changements de demeure, et que, sans le suivre jour par jour, elle le retrouvait et le voyait souvent.

Madeleine. Mais de quoi vivait-elle, puisqu’elle n’avait pas de biens ?

Grand’mère. Lazare et les saintes femmes étaient riches ; elles avaient soin de ne laisser manquer de rien Notre-Seigneur, sa Divine Mère et les personnes qui les accompagnaient.

Jacques. Est-ce que Notre-Seigneur n’a pas dit adieu à la sainte Vierge quand il est monté au Ciel ?

Grand’mère. L’Évangile ne le dit pas ; mais nous savons que Notre-Seigneur aimait si tendrement la sainte Vierge, qu’il lui était si intimement uni, que même lorsqu’ils étaient séparés extérieurement, elle était toujours avec lui et lui toujours avec elle. Il est probable qu’en montant au Ciel, son dernier regard fut pour sa Mère.

Élisabeth. Je suis contente de ce que vous nous dites, Grand’mère. J’avais du chagrin de l’abandon de la Sainte Vierge.

Louis. Et le Saint-Esprit, quand Jésus l’envoya-t-il aux Apôtres ?

Grand’mère. Dix jours après l’Ascension. Les Apôtres étaient tous réunis au Cénacle autour de la sainte Vierge. Tout à coup il se fit un grand bruit dans le Ciel ; la maison fut remplie comme d’un vent impétueux ; les Apôtres virent apparaître comme des langues de feu qui se séparèrent, et chaque langue s’arrêta sur la tête d’un des Apôtres. Ce jour est une grande fête dans l’Église ; on l’appelle la Pentecôte.

Ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils se mirent à parler miraculeusement toutes les langues. À partir de ce moment, leur intelligence s’ouvrit ; ils comprirent les Écritures, ils prêchaient et convertissaient les nations comme le leur avait ordonné leur Divin Maître.

Saint Pierre, le premier, prêcha la foi ; il convertit trois mille Juifs à sa première prédication, cinq mille à la deuxième. Après avoir prêché l’Évangile à Jérusalem, les Apôtres se dispersèrent par toute la terre. En moins de vingt ans, il y eut des chrétiens dans le monde entier. Aujourd’hui, plus de deux cents millions de chrétiens continuent sur la terre l’œuvre commencée le jour de la Pentecôte, sous la conduite du Pape, successeur de saint Pierre, et des Évêques Catholiques, successeurs des Apôtres.

Voici donc ma tâche finie et ma promesse accomplie, chers enfants. J’espère que vous profiterez de ce que je vous ai raconté pour suivre les préceptes de notre Divin Sauveur, et que vous vivrez pieusement afin de mourir saintement. Nous ne sommes sur la terre que pour aller au Ciel. Notre espoir doit être de nous y retrouver tous, laissant à ceux qui nous survivront la grande consolation d’une réunion certaine et éternelle.