Évangile d’une grand’mère/48

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 135-136).

XLVIII

TEMPÊTE APAISÉE.



Les disciples renvoyèrent donc tout le peuple et emmenèrent Jésus dans la barque où il était entré ; d’autres barques les suivaient. Alors il s’éleva une tempête si violente, que l’eau entrait dans les barques, en sorte qu’elles s’emplissaient.

Cependant Jésus était à la poupe, dormant appuyé sur un coussin.

Petit-Louis. Qu’est-ce que c’est, une poupe ?

Grand’mère. La poupe est la partie d’arrière d’un navire ou d’une barque ; la proue est le devant, la poupe est l’arrière.

Les disciples éveillèrent Jésus, et lui dirent :

« Maître, n’avez-vous pas de souci que nous périssions ? »

Et Jésus, se levant, menaça le vent et dit à la mer :

« Cesse de gronder. Tais-toi. »

Et le vent s’apaisa et il se fit un grand calme. Jésus leur dit :

« Pourquoi vous effrayer ? N’avez-vous pas encore la foi ? »

Et ils furent saisis d’une grande crainte et ils se disaient l’un à l’autre :

« Qui donc est celui-ci, que le vent et la mer lui obéissent ! »

Henri. Comment ! les disciples ne comprenaient pas encore que Jésus était le bon Dieu ?

Grand’mère. Ils en avaient un peu la pensée, mais pas très-assurée encore ; c’est pourquoi chaque miracle nouveau les étonne et les effraye.

Avant et après ces miracles, ils voyaient Notre-Seigneur pauvre, humilié, fatigué, vrai homme de douleur, et ils trouvaient, comme malgré eux, une espèce de désaccord entre cette faiblesse du Fils de l’Homme et cette puissance du Fils de Dieu.