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Évangile d’une grand’mère/5

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 17-20).

V

NAISSANCE DE JÉSUS.
ADORATION DES BERGERS.



Le lendemain, la grand’mère trouva tous les enfants rassemblés quelque temps avant l’heure, tant ils étaient impatients de savoir ce qui allait arriver. Ils se placèrent devant elle comme la veille ; elle commença :

Peu de temps avant la naissance de Jésus, César-Auguste, Empereur de Rome et maître de la Judée, ordonna qu’on fit le compte de tous les habitants des terres qui lui étaient soumises. Cyrinus, gouverneur de la Syrie, fit pour la Judée ce compte qu’on appelle dénombrement. Joseph vivait à Nazareth, ville de la Galilée ; quand il apprit l’ordre donné par César, il fut obligé d’aller se faire inscrire à Bethléem, petite ville de la Judée, près de Jérusalem, éloignée de vingt-cinq lieues de Nazareth ; c’était la patrie du Roi David et de sa famille. Il partit donc avec Marie son épouse ; le voyage fut long. Marie était fatiguée, et quand ils arrivèrent à Bethléem, ils ne trouvèrent pas de logement, parce que ce dénombrement avait fait venir beaucoup de monde dans la ville.

Ne sachant où il pourrait loger Marie, Joseph sortit de la ville, et il trouva près des portes une grotte profonde qui servait d’étable à des vaches et à des ânes. Le Roi David s’y était reposé souvent quand il était berger, car c’était là qu’il gardait ses troupeaux. Joseph arrangea dans cette étable une couche de paille pour Marie, et c’est là, dans cette étable, que Jésus vint au monde.

Il y avait dans les environs, des bergers qui gardaient les troupeaux dans la campagne de Bethléem comme au temps du Roi David, et qui veillaient chacun à leur tour, pour qu’on ne volât pas leurs troupeaux.

Tout à coup, au milieu de la nuit, vers minuit, un Ange du Seigneur leur apparut ; et ils furent enveloppés d’une lumière éblouissante, ce qui leur causa une grande frayeur. Mais l’Ange leur dit :

« Ne craignez point, car je viens vous annoncer une nouvelle qui sera pour tous une grande joie. Dans Bethléem, la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Voici à quoi vous le reconnaîtrez. Vous trouverez dans une étable un enfant enveloppé de langes et couché dans une Crèche. »

Valentine. Qu’est-ce que c’est, une crèche ?

Grand’mère. Une crèche est l’espèce de mangeoire dans laquelle on donne à manger aux bêtes de l’étable.

Jeanne. Mais le pauvre petit enfant devait être très-mal là dedans ?

Grand’mère. Oui, il était très-durement et très-mal, mais il a voulu que ce fût ainsi.

Jacques. Comment le bon Dieu, qui était son Père, qui a tout ce qu’il veut, ne lui a-t-il pas donné un beau petit lit bien chaud, dans une chambre bien jolie, au lieu de le laisser dans une vilaine crèche et dans une sale étable ?


Naissance de Jésus.
Naissance de Jésus.



Grand’mère. Parce que l’enfant Jésus a voulu nous faire voir par son exemple qu’il ne faut pas aimer et désirer les richesses de ce monde, et qu’on doit aimer les privations et les humiliations.

Petit-Louis. Je ne veux pas coucher dans une crèche, moi, ni dans une étable.

Grand’mère. On n’est pas obligé de coucher dans une crèche ni dans une étable, mais tout le monde est obligé de ne pas être douillet ni délicat et de ne pas trop aimer ses aises.

Henriette. Écoute, Loulou, va dans une crèche puisque le petit Jésus y a été ; tu sais bien qu’il faut l’imiter.

Petit-Louis. Et toi ?

Henriette. Non, moi pas ; je resterai avec papa et maman.

Petit-Louis. Tiens ! pourquoi cela ?

Henriette. Pour qu’ils ne soient pas seuls.

Grand’mère. Ce n’est pas gentil cela ! tu veux envoyer le pauvre Louis dans une étable, et toi tu ne veux pas y aller ; pas du tout pour que ta maman et ton papa ne soient pas seuls, mais parce que tu crains d’être mal dans l’étable.

Henriette rougit, ne répond pas et embrasse Louis, qui lui donne un petit coup de poing.

Grand’mère. Voyons, mes enfants, ne vous disputez pas et laissez-moi continuer.

L’Ange dit aux bergers comment ils reconnaîtraient le Sauveur, le Christ, le Seigneur. Au même moment, une troupe nombreuse d’Anges se joignit à celui qui parlait aux bergers ; et ils chantaient tous admirablement : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. »

Au bout de quelque temps, les Anges quittèrent les bergers, et les bergers se dirent les uns aux autres : « Allons à Bethléem ; allons voir ce qui est arrivé, et ce que le Seigneur vient de nous faire annoncer par ses anges. »

Ils se dépêchèrent donc d’y aller et ils trouvèrent dans l’étable Joseph et Marie, avec l’enfant Jésus enveloppé dans des langes et couché dans une crèche. En le voyant, ils l’adorèrent, et ils reconnurent la vérité de ce que leur avait dit l’Ange. Et tous ceux auxquels ils le racontèrent, admiraient ce que leur disaient les bergers.

Et Marie conservait le souvenir de ces choses et adorait Jésus dans son cœur.

Au bout de huit jours, il fallut que Joseph fît circoncire l’enfant, auquel il donna le nom de Jésus, comme l’avait commandé l’Ange Gabriel à Marie.