Ô ma jeunesse ! Ô ma fraîcheur d’autrefois !

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Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, 50e année , 5e série (p. 455).

« Ô ma jeunesse ! O ma fraîcheur d’autrefois ! »

(Gogol) *


Ô ma jeunesse ! Ô ma fraîcheur d’autrefois ! Moi aussi, je l’ai poussé ce cri. Mais lorsque je m’exclamais ainsi, j’étais encore jeune, j’étais encore en ma fraicheur.

Je n’avais alors d’autre fantaisie que le plaisir de ma tristesse : me lamenter devant les hommes, mais me réjouir dans le secret.

Aujourd’hui, je me tais, et je ne pleure plus à voix haute sur ce que j’ai perdu. Je n’ai pas besoin de paroles pour que le souvenir m’en ronge, d’un rongement sourd ei continu.

Ah ! mieux vaut ne pas penser. C’est la sagesse du paysan.


Juin 1878.